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Québec, ma ville
15 mai 2012

Ce 15 mai 1760

L'arrivée de la flotte britannique qui vient concrétiser la victoire de Wolfe

La victoire de Lévis à Sainte-Foy n'aurait d'issue heureuse que si, à l'horizon, des navires français apparaissaient les premiers. Ce furent des navires anglais qui se pointèrent les premiers. Il ne restait d'autre choix à Lévis que de se retirer vers Montréal.

Cette retraite n'en constitue pas moins un moment important de l'histoire car il y eut l'action de Jean Vauquelin qui a grandement aidé à faire de cette retraite une réussite.

En voici les grands traits à l'aide de citations.

Passerelle pour l'histoire militaire canadienne nous synthétise bien la situation et le titre de l'article ne souffre pas de tergiversation; La flotte britannique met fin au siège :

«Cependant, les Britanniques tiennent toujours Québec. Les troupes de Lévis encerclent la ville, mais elles manquent de canons de fort calibre et, surtout, de munitions. Lévis doit même limiter le nombre de boulets par canon. Au contraire, Murray dispose d'une importante artillerie et d'abondantes munitions. Quand l'artillerie française commence à bombarder Québec, le 11 mai, la riposte est « vigoureuse », selon l'expression employée par Lévis. Chaque camp compte néanmoins sur les secours de sa métropole. Le 9 mai, une seule frégate anglaise a jeté l'ancre en rade de Québec. Or, c'est l'arrivée d'une flotte qui réglera le sort des armes. Les regards des assiégeants et des assiégés sont désormais rivés sur le fleuve et, le 15 mai, trois voiles se profilent enfin à l'horizon. Bientôt, la mort dans l'âme, les Français reconnaissent les navires de guerre britanniques. Le lendemain, dès les petites heures du matin, Lévis commence à se replier sur Montréal.»

Ce repli des troupes de Lévis est facilité par l'intervention de Jean Vauquelin aux commandes de deux frégates à l'ouest de Québec. Toujours emprunté à la Passerelle pour l'histoire militaire canadienne, voici comment l'intervention de Vauquelin est venue aider :

«Espérant couper la voie aux petites embarcations qui accompagnaient l'armée française, les navires ennemis attaquent, à l'ouest de Québec, deux frégates, la Pomone et l'Atalante, sous les ordres du capitaine Jean Vauquelin. Les vaisseaux français se sacrifient afin de protéger la retraite de l'armée. La Pomone s'étant échouée, l'Atalante, commandée par Vauquelin, parvient à retenir momentanément les navires britanniques. Ses munitions épuisées, son navire transpercé de toutes parts par les boulets ennemis, Vauquelin n'abaisse pas pavillon pour autant, mais il le cloue au mât de son bâtiment sous le feu incessant de l'ennemi, avant d'être fait prisonnier avec son équipage.»

Mais qui est ce Jean Vauquelin dont le nom est plutôt ignoré malgré l'importance stratégique de son intervention dans la protection du repli vers Montréal des troupes de Lévis. Le Dictionnaire biographique du Canada en ligne nous le présente ainsi :

«VAUQUELIN, JEAN, officier de marine, né à Dieppe, France, en février 1728, décédé à Rochefort, France, le 10 novembre 1772.»

Je passe quelques paragraphes décrivant ses activités de marin de guerre pour ne citer que le paragraphe consacré à son intervention sur le Saint-Laurent au moment du repli des troupes de Lévis :

«Au printemps de 1760, Vauquelin constitua, avec l’Atalante, la Pomone, la Pie, une flûte, et quelques unités légères, une petite division qui partit de Sorel vers Québec, le 20 avril, pour suivre l’armée de Lévis et la ravitailler. Il atteignit l’anse au Foulon le 28 avril, le jour même de la bataille de Sainte-Foy qui assura une victoire aux Français. Lévis continua le siège de la ville mais, le 9 mai, une frégate anglaise arriva devant Québec, bientôt rejointe par une autre frégate et un vaisseau [V. Robert Swanton*]. Pris en chasse, le 16 mai, par le Lowestoft et le Diana, Vauquelin les attira vers Cap-Rouge pour sauver les dépôts de l’armée et dut ensuite s’échouer à Pointe-aux-Trembles (Neuville). Il épuisa ses munitions, puis fit évacuer son équipage après avoir, sous le feu incessant de l’ennemi, cloué son pavillon au mât et jeté son épée dans le fleuve. Blessé, il fut fait prisonnier avec les trois officiers, l’écrivain, l’aumônier et les six matelots restés à bord. Le lendemain, les Anglais incendièrent l’Atalante, réduite à l’état d’épave. Vauquelin avait, semble-t-il, fortement impressionné ses ennemis par sa bravoure. Il fut rapidement libéré et put rentrer en France.»

Sa biographie se poursuit au delà de ce paragraphe. Je vous en recommande la lecture. C'est ICI.

Quebec History du Marianopolis College nous offre la biographie la plus extensive de celles que j'ai consultées dans laquelle est citée la relation que fait Vauquelin de l 'épisode de 1760. Même si c'est un peu long, pour les intéressés, ça va compléter les extraits que j'ai déjà fournis.

Voici donc comment il nous décrit les faits :

«« Je partis, dit-il, le 20 avril de la rivière de Sorel (Richelieu) — où il avait hiverné — avec nos bâtiments chargés de canons, affûts, poudres et ustensiles : la Pomone, l'Atalante, frégates, la flûte la Pie et deux bateaux chargés d'effets pour l'armée, qui partit le même jour des côtes de la rive nord. Le 28, à l'Anse-au-Foulon, où était la flûte la Marie, avec deux bâtiments et deux goélettes, chargées à Montréal, M. de Lévis ve­nait de gagner la bataille sur les troupes en­nemies, rentrées ensuite à Québec, ayant abandonné toute leur artillerie. Partie de notre flottille à l'Anse-au-Foulon, à une lieue de la place, partie à l'Anse-Sillery à une demi-lieue au-dessus de la première, on dé­barqua journellement ce dont l'armée des Plaines d'Abraham avait besoin, munitions et vivres. Les travaux avançaient.

Mais, le 9 mai, un vent nord-est nous amena une frégate anglaise de 30 canons : ce qui nous surprit, mais ne nous inquiéta point. Je demandai à M. de Lévis 60 Cana­diens pour augmenter mon équipage de 110 hommes, pour servir 11 canons de 8 et avoir un peu de mousqueterie. Le 11 au matin, nos batteries commencèrent à tirer. Le 15 au soir, on fit, de la Pointe-de-Lévis, si­gnal d'un vaisseau ennemi, le nord-est con­tinuant. J'ai fait partir aussitôt un officier en informer M. le Chevalier et lui demander ses ordres. Le 16, l'officier rapporta que j'eusse à appareiller au-dessus de la place, aussitôt que je verrai l'ennemi sous voile, car M. de Lévis avait vu un vaisseau et une frégate à l’Île d'Orléans, allant rejoindre la première sous Québec. Le même matin, ces trois voiliers remontent vers nous. Aussitôt, je donne ordre aux miens de faire voile. Par malheur, la Pomone, abattue du mauvais côté, s'est trouvée échouer dans l'Anse-au-Foulon. J'ai continué à faire route avec les autres bâtiments, mais en marchant mieux qu'eux; et la première des frégates m'approchant, je pris le parti de les faire donner dans la rivière du Cap-Rouge, à deux lieues de l'endroit d'où nous partions, pour sauver le dé­pôt par cette manoeuvre et le mettre à portée d'être enlevé par l'armée, bien persuadé que les frégates ennemies s'acharneraient à me chasser. Je fis mettre toutes voiles dehors, faisant canonner la plus proche; mais un bateau du roi et la chaloupe s'étant remplis d'eau, j'ai été obligé d'en faire couper l'amarre : celle du canot ayant déjà manqué, je me suis trouvé sans un bateau. La seconde frégate anglaise doublait presque notre sil­lage. Voyant qu'elles me joindraient sous peu, j'ai cherché un endroit commode pour échouer la mienne et sauver les équipages si nécessaires à la colonie. Le pilote indiqua la Pointe-aux-Trembles, où nous sommes ar­rivés à sept heures et demie, ayant les fré­gates à une portée et demie de mousquet derrière nous.

« La frégate ayant échoué, les deux ennemies se sont mouillées par ses travers, à demi-portée de canon, et ont fait autant de feu qu'elles ont pu. Nous avons aussi fait feu; et, pour que la frégate se tint plus longtemps droite, j'ai fait couper son grand mat. A neuf heures et demie, on s'est trouvé sans poudre, l'eau ayant gagné la soute et sub­mergé quatre barils. On s'est restreint à avoir le mousquet dans les bras et à nous munir de cartouches contre leurs canots. On cria à quelques habitants de nous envoyer un ba­teau pour débarquer; je chargeai le sieur Sabourin de préparer un artifice, pour brûler la frégate. Longtemps attendu, le bateau est enfin venu, dans lequel il s'embarque le plus de monde possible, et on leur donna un bout de cordage pour faire un va-et-vient; mais, arrivés à terre, ils ont largué (lâché) le cor­dage et laissé le bateau prendre la fuite, de sorte que, comme il y avait marée descendante il s'est trouvé à sec, nous isolés sur la frégate, qui commençait à donner un grand gîte (lieu où un bateau est échoué).

« Alors j'ai réfléchi sur le projet de la brûler, et ayant combiné comme elle était crevée et hors d'état d'être renflouée, j'ai pensé mieux de ne pas le faire, ayant espoir d'en sauver plus tard canons et ingrédients utiles à la colonie. Mais l'ennemi continuait son feu, tuant et blessant toujours quelqu'un. La frégate a toujours tombé, couchée au point de ne pouvoir presque plus se tenir sur le pont : je fis couper le mat de misaine.

« La nécessité de faire descendre nos équi­pages et nos blessés à terre nous a fait faire un mauvais radeau, qui débarqua 12 à 15 hommes, lesquels remirent le bateau, échoué par la faute des premiers sauvés : avec lui, on continua le débarquement, tandis que l'ennemi recommença son feu. Il res­tait encore un voyage à faire, lorsque, à une heure et demie, les canots anglais vinrent à bord : nous les avons laissés monter et j'ai été fait prisonnier avec cinq de mes officiers : les sieurs Sabourin et Thomas lieutenants, Deshaies enseigne, Chaumillon écrivain et le sieur Bassens aumônier, ainsi que 6 hom­mes de l'équipage.

« Nous avons été conduits, moi et le sieur Sabourin, à bord du sieur de Schomberg, capitaine de la Diane, armée de 32 canons; les autres officiers ont été mis à bord de M. Deane, commandant le Lowestoff, armé de 24. J'ai prié le premier d'envoyer un parle­mentaire pour débarquer à terre les blessés du bord : ce qu'il a fait de la meilleure grâce du monde. Nous ignorons au juste le nombre des tués et blessés; mais cela va au moins à 43 hommes et la plupart des blessés le sont dangereusement, excepté les sieurs Sabourin, Thomas, Deshaies et moi qui le sommes légèrement. Puis ils ont envoyé leurs canots à bord de l'Atalante pour en tirer choses de quelque utilité; mais ils sont revenus tels qu'ils y étaient allés, ayant trouvé les cor­dages hachés, les voiles brisées et en pièces.

« M. Schomberg m'a dit avoir tiré 500 coups de canon et M. Deane 350. Le capitaine en­voya, le lendemain 17 mai, mettre le feu à bord de l'Atalante. » (V. Abbé Casgrain, Coll. des manus. du maréchal de Lévis, t. XI.)» (source : Quebec History)

Pour nous familiariser avec les termes de marine, le site Techno-Science.net constitue une bonne source d'information avec son imposant glossaire. Mer référant à celui-ci, je prends le terme : frégate comme exemple. J'entre le mot dans la fenêtre de son moteur de recherche et je me retrouve ICI. Après une définition du type de navire dans la marine moderne, il nous trace l'historique de ce type d'embarcation et ainsi nous apprenons les caratéristiques de tels bateaux de guerre au XVIIIe siècle. Pour faire connaissance la flûte, autre vaisseau mentionné, c'est ICI.

Autre source sur le vocabulaire de marine : Mandragore II.

Voilà donc un personnage, le capitaine de navire Jean Vauquelin, méconnu mais au rôle appréciable dans les événements des dernières années de la guerre de Sept Ans.

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